Vers un modèle d’entreprise durable
Tel le soleil qui se lève et finit par disparaître chaque jour, les entreprises naissent, se transforment et meurent inexorablement au fil du temps. Aujourd’hui, on s’interroge quand à la Révolution Transhumaniste et ses conséquences sur la durée et sur la qualité de vie de l’Homme, L’excellent livre de Luc FERRY a le mérite de rendre accessible au commun des mortels des expérimentations et des réflexions de scientifiques et de penseurs renommés. Rêve fou ou projet ambitieux, chacun appréciera à sa façon la perspective d’allongement de notre durée de vie de 20 à 200 ans…
Et pourquoi ne pas s’interroger sur un mouvement Transentrepreunarial qui aurait pour finalité l’augmentation de 20 à 200 ans de la durée de vie moyenne des entreprises ?!
Pourquoi ne pas se dire qu’au fond les nouvelles technologies porteuses du Transhumanisme illustré par le sigle N.B.I.C (Nanotechnologies, Biotechnologies, Information, Cognitivisme) ne sont ni plus ni moins que le pendant de Nanogestion, Biomanagement, Information, Compétences pour l’entreprise?!
Pourquoi ne pas se dire au fond que ce sont également de hautes technologies qui, bien maîtrisées, rendront inévitablement l’entreprise plus durable ?
Oui mais voilà, encore faut-il s’entendre sur ce qu’on appelle « bien maîtriser » ces quatre technologies de pointe ;
La Nanogestion ou comment réduire d’un milliard de fois ses coûts de gestion
Halte à l’utopie crierez-vous à juste titre en lisant cette phrase. En réalité, ce terme « Nanogestion » symbolise la culture de la frugalité : faire plus en dépensant moins !
Inutile de faire appel à des cost-killers qui au-delà des économies réalisées risquent de faire chuter dramatiquement le moral de votre entreprise ! La Nanogestion, c’est avant tout un état d’esprit une véritable culture qu’il faut instaurer dans son entreprise dés le premier collaborateur recruté !
Après la génération « Low cost », apparaît maintenant la génération Uber : vous n’aurez donc aucun mal à convaincre vos futures recrues « Z » d’entrer cette logique ; en revanche se sera plus compliqué pour les « Y » déjà en place…
Oui mais voilà, si la posture de « Nanogestionnaire » peut s’inculquer dés le plus jeune âge au sein de l’entreprise, elle ne doit pas se faire au détriment de la performance commerciale !
Comment trouver le bon équilibre, ne pas perdre de vue que trop d’économie tue la performance : « Nanogestion » oui, mais avec de la Teraperformance, à l’image de ces nouveaux « business models » qui révolutionnent l’économie traditionnelle tels que celui de VENETIS qui partage les compétences humaines entre différentes entreprises ou de PEBBLE qui fait payer d’avance les consommateurs. L’entreprise sera d’autant plus durable qu’elle sera en capacité de réduire et couvrir ses frais de gestion et d’inciter ses collaborateurs à mettre en place des processus innovants dans une culture de l’économie. Au fond, sous l’impulsion du dirigeant la Nanogestion c’est la capacité de chaque acteur à trouver le juste effort, le juste partage pour vivre au moindre coût non plus pour soi mais dans l’intérêt du collectif.
Le Biomanagement au service de ressources humaines durables
Nous sommes encore (mais pour combien de temps?) à l’ère du jetable comme en témoignent les sept millions de tonnes de plastique recensées sur l’ensemble des océans de la planète: aujourd’hui, le but d’une activité est généralement de faire du revenu, l’environnement et le bien-être restant des notions secondaires.
Cependant nous voyons émerger une nouvelle tendance de consommation qui veut donner plus de sens aux achats réalisés, qui se veut plus responsable pour préserver la planète.
Le film « Demain » réalisé par Mélanie LAURENT et Cyril DION met en évidence que partout dans le monde des solutions novatrices sont développées pour éviter à notre planète de s’user trop vite.
Il en va de même pour l’entreprise : le Biomanagement, c’est la capacité à manager toutes ses ressources, en priorité humaines, pour assurer la pérennité de l’entreprise et le bien-être de ses acteurs.
Tout comme l’éco-consommation passe par la responsabilisation de chaque être humain sur sa façon de consommer, le Biomanagement s’illustre par la capacité de chacun à adopter des postures responsables pour que les actions menées servent le développement de l’entreprise et la qualité des relations humaines en son sein. Le Biomanagement cela signifie également un tableau de bord de l’entreprise qui intègre désormais trois indicateurs de performances clés : la performance économique, la performance sociale, la performance environnementale.
Mais attention: le Biomanagement ne se décrète pas ! Il nécessite un long temps de préparation (ou maturation) pendant lequel la Direction doit initier son projet de Biomanagement et ses contours, préparer les équipes à sa définition et sa mise en œuvre, se donner du temps pour obtenir les premiers résultats tangibles. A l’image du phénomène de l’Entreprise Libérée, le Biomanagement ne doit pas se transformer en dogme mais rester un courant de pensée réaliste et pragmatique, fidèle à l’école de pensée de Lao Tseu qui privilégia la notion de flux des éléments naturels dans lesquels il faut s’inscrire à la notion d’ordre céleste prônée par Confucius.
Un certain nombre d’entreprises actuellement « en cours de libération » ont du mal à trouver le juste milieu entre l’autonomie et la responsabilisation maximale des collaborateurs et la suppression des contrôles pour ne pas casser cette nouvelle dynamique. Cela provoque le plus souvent une situation d’inconfort et de trouble chez les managers qui ne savent plus quelle bonne posture adopter en définitive alors qu’ils doivent garantir le résultat.
Rien de tout cela dans le Biomanagement : chaque acteur de l’entreprise s’engage lui-même sur le résultat qu’il va garantir et sur son savoir-être pour contribuer à la performance et au bien-être de tous dans la durée. Chaque acteur est totalement impliqué dans une coproduction responsable : nous sommes bien dans une économie collaborative pour une entreprise plus durable.
Avez-vous déjà observé un vol d’étourneaux : encore un bel exemple donné par la nature d’une magnifique harmonie d’ensemble et quelles distances parcourues à partir de postures prises individuellement !
L’Information ou la maîtrise de ses techniques pour durer
Luc FERRY explique dans son livre la formidable opportunité que représente le développement des technologies de l’information en parallèle de la nanotechnologie ou biotechnologie…Elles sont même indissociables pour garantir le progrès de l’humanité. Il en va de même dans le monde de l’entreprise : impossible de concevoir une Nanogestion ou un Biomanagement au service d’un projet d’entreprise sans mettre en œuvre en parallèle un système d’information adapté à la taille de l’entreprise et à ses enjeux.
Qu’il s’agisse de la base de données et des modes de communication interne ou du contrôle et de la diffusion des informations en externe, maîtriser les informations et leur communication reste une des préoccupations majeures des dirigeants. Sous réserve de ne pas finir par oublier le fond en voulant à tous prix privilégier la forme, à l’image de certains de nos politiques.
C’est aussi une des convictions profondes de Jérémy RIFKIN, le principal théoricien de la troisième révolution industrielle (dont la Région Hauts de France s’inspire pour construire son avenir) qui assimile la nouvelle communication internet à une nouvelle organisation de vie économique et culturelle. Chaque entreprise doit mettre l’évolution de son système d’information au service de son organisation de vie économique, du savoir faire et du savoir être de ses collaborateurs, en sachant faire un virtuel qui s’inscrive dans la réalité, le pragmatisme, pour ne pas perdre pied et se retrouver la tête sous l’eau !
D’autre part, si nous considérons l’image du vol d’étourneaux, l’agilité est le maître mot au sein de l’entreprise, ce qui suppose de l’information et de la communication. Dans les organisations vivantes de demain, une double capacité sera requise : il faudra à la fois une bonne disponibilité et accessibilité de l’information (internet, big data, cloud), ainsi qu’une disponibilité sensitive des acteurs à la capter et à la traduire en actes (culture commune, échanges, dialogues). A l’école du Biomanagement, l’économie collaborative repose sur une économie du partage, un collectivisme humaniste dans lequel l’usage partagé d’un bien est supérieur à la propriété individuelle ; ce qui peut nous amener à nous poser la question : qu’adviendra-t-il du lien entre informatique et liberté ?
Les compétences, toujours au cœur des préoccupations
Il n’est pas de jour sans entendre un chef d’entreprise dire qu’il éprouve des difficultés à trouver les bonnes compétences pour faire face aux besoins des clients et de l’entreprise.
Ce mot « compétence » reste probablement le plus cité lorsque les dirigeants évoquent leurs préoccupations en général. A quoi est-ce du ?
- Aux capacités inadaptées aux besoins sur le marché de l’emploi ?
- A la Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences insuffisante ?
- Au débat sur le fait de privilégier les compétences ou le savoir être à l’embauche ?
- A l’interrogation sur le surdimensionnement des compétences à l’embauche pour préparer les besoins futurs de l’entreprise ?
Autant de sujets pour lesquels il n’y a pas de solution toute faite.
Une chose est certaine, lorsque l’entreprise recrute un nouvel acteur, elle doit être tout autant attentive au rôle professionnel que celui-ci va jouer qu’à la personnalité humaine qui va s’exprimer au sein du collectif. Parler des compétences, c’est obligatoirement évoquer à la fois le savoir faire et l’être humain dont l’entreprise à besoin. Ce qui pose alors la question de la part d’affectivité mise dans le processus de recrutement : introduire des notions d’affectivité dans le recrutement met en risque la qualité du recrutement mais en faire totalement abstraction, c’est mettre en danger la durabilité du futur collaborateur au sein de la communauté.
La fidélisation des bonnes compétences passe par le bien-être et donc les émotions positives ressenties…Voici une alchimie qu’il ne faut pas rater si on veut des ressources humaines adaptées et stables qui contribuent à la durabilité de l’entreprise, tout en sachant que le problème des compétences est aussi pluriel :
- D’une part dans son évolution individuelle, une personne se doit de gérer elle même son destin. Elle doit donc être capable d’évoluer selon ses désirs et sensibilités tout en servant le collectif
- D’autre part, la performance (service rendu) s’inscrit dans une évolution conduite par la structure, le système, la communauté.
Et on en revient au Biomanagement qui pose aussi la question de l’harmonie entre l’individu et le collectif, question que l’on peut retrouver dans la GPEC et l’entretien professionnel, au travers de 3 types de conversations : une conversation sur le devenir de la personne selon ses désirs, une conversation sur les opportunités ou menaces que l’entreprise peut engendrer, une conversation sur la juste rétribution du service rendu parce que l’autonomie de gestion des personnes exige une capacité à négocier la performance/rétribution).
Et le client final dans tout cela ?
Pas une seule fois il n’a été cité depuis le début de cet article, quelle lacune ! Et pourtant, bien évidemment, il reste la raison essentielle et unique ! S’engager dans une démarche d’entreprise durable c’est se préoccuper de lui en mettant en œuvre tout ce qui vient d’être évoqué :
- Parce que la Nanogestion, c’est le souci de l’économie qui permettra d’offrir plus de valeur ajoutée au Client pour mieux le satisfaire et le fidéliser. Le client fait partie intégrante de la communauté « Entreprise »
- Parce que le Biomanagement est porteur de valeurs qui séduisent et touchent le Client autant que les collaborateurs
- Parce qu’il n’y a pas d’achat par le Client final sans une Information, une connaissance et une communication de qualité tout au long de la relation client
- Parce que les Compétences sont là pour rassurer le Client et garantir le meilleur produit et/ou service.
Vouloir rendre son entreprise prospère et encore plus durable, c’est donc s’engager pleinement et simultanément sur ces quatre voies, chacune de ces voies représentant un projet à part entière.
Le Comité de Direction traditionnel devrait laisser la place à à quatre responsables de projet,.
Il ne sera pas compliqué de rattacher les habituelles fonctions de l’entreprise à ces différents projets.
C’est osé, direz-vous ? Et bien, le contexte actuel pousse les entreprises à oser car les plus frileuses sont vite dépassées par l’évolution de la société et la concurrence.
De même que les collaborateurs les plus compétents et les plus dynamiques privilégieront les entreprises qui avancent en osant. Rendre son entreprise plus durable, ce n’est même plus un choix, cela devient une impérieuse nécessité !
Eric Delsenne
SARL Vision Essentielle