Quelques heures après la suspension définitive, par Twitter, du compte du locataire de la Maison Blanche, la polémique a enflé : une entreprise privée a-t-elle le droit de décider, seule, de réduire au silence le président des États-Unis ? Si la question mérite débat, la polémique qui anime la toile, la presse papier et les journaux télévisés n’est-elle pas hypocrite ?

En effet, ne peut-on pas considérer que Twitter a arbitré dans un moment de crise extrême – l’invasion du Capitole provoquée par le président lui-même ? Car enfin, peut-on demander aux plateformes comme Twitter, Facebook et autres Youtube de lutter contre les fausses informations, les contenus racistes, homophobes, diffamatoires, complotistes et, dans le même temps, leur reprocher de faire le nécessaire lorsque l’inimaginable se produit ?

D’aucuns dénoncent le caractère arbitraire de cette décision, soulignant que Twitter aurait pu, dès le début du mandat de Donald Trump, suspendre le compte de ce dernier. En l’espèce, ne peut-on pas considérer que Twitter a, au contraire, agi de manière responsable, en prenant une décision d’arbitre ? Celle d’un arbitre central et non d’un arbitre de touche : le second signale la faute, le premier la sanctionne.

La décision de Twitter a le mérite de nous mettre en réflexion sur un sujet coincé dans une impasse depuis des années. Donc merci à Twitter !

Et maintenant, place au débat démocratique pour s’interroger sur les droits des plateformes numériques et sur le rôle et la personnalité de l’arbitre central.

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